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Près de 200 supporteurs de Courbevoie avaient fait le déplacement à Saint-Junien (Haute-Vienne) dimanche pour la finale du championnat de France. Si leur équipe a perdu face à Auch, ils en garderont un très bon souvenir quand même.

 

Saint-Junien (Haute-Vienne), le 23 juin. Supporteurs de Courbevoie et Auch ont encouragé leurs conleurs lors de la finale du championnat de France de Fédérale 3. LP/Christophe Lacaze-Eslous

Par Christophe Lacaze-Eslous

Le 23 juin 2019 à 19h16

La journée aurait pu être parfaite, sans le résultat. Pas favori contre Auch, l’un des clubs historiques du rugby français, Courbevoie, auteur d’un parcours exemplaire, a laissé filer (défaite 14-21) le titre qui lui tendait les bras. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, et d’avoir été soutenu ! Tandis que les joueurs ont passé la nuit à Limoges, plus de 200 supporteurs ont comblé ce dimanche les plus de 400 kilomètres pour rejoindre Saint-Junien (Haute-Vienne). Ils n’auraient manqué cela pour rien au monde.

Comme deux fusées blanches, les deux cars mis à leur disposition filent sur l’autoroute depuis 8 h 15, soit presque sept heures avant le début de la partie. A l’intérieur, ils sont 130 à préparer les festivités : « Nous n’attendons pas le dernier moment pour mettre l’ambiance », raconte Christian Nicolay, le vice-président. Les plus grands ont le temps d’apprendre les chants aux plus jeunes et de grandes feuilles bleues et jaunes sont découpées en tous petits morceaux pour en faire des confettis.

Ca sent bon le barbecue et l’anisette

 

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Finale du championnat de France de Fédérale 3 entre Courbevoie et Auch, à Saint-Junien (Haute-Vienne)/Christophe Lacaze-Eslous  

A l’arrivée à Saint-Junien, les chauffeurs cherchent une place sur le petit parking du stade municipal. Peine perdue : les supporteurs d’Auch, quatre fois plus nombreux, ont déjà investi le lieu. Ca sent bon le barbecue et l’anisette. Sans le savoir, les Gersois ont déjà remporté la 1re manche. Dès la descente du car, les deux groupes antagonistes se chambrent gentiment à coups de sourires et de chants : «Auch ! Un passé ! Pas d’avenir ! » lancent les Franciliens. «On n’entend pas chanter les Parigots », répondent les Provinciaux. Tous se précipitent vers l’entrée du stade, se mélangent forcément et font plus ample connaissance. Une bonne occasion pour se promettre de boire une bière ensemble sitôt dans l’enceinte.

Avec son large sourire, Michel Gabriel (76 ans), venu en car, savoure : « J’ai joué à Courbevoie il y a 50 ans, jusque en 1975. Maintenant j’habite Paris mais je n’aurais manqué cette finale pour rien au monde, même si les joueurs actuels ne me connaissent pas ! Je préfère voir du rugby à ce niveau, plutôt que chez les pros. A notre époque, on se mettait dans la gueule à chaque mêlée. Les petits essayaient d’éviter les gros… » Dans le couloir qui sort des vestiaires, Bertrand Nicol, le président, reste sérieux : «On est moins nombreux qu’en face mais on est plus jeunes. On va vite combler l’ambiance. »

Les équipes à leur entrée sur le terrain

 

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Finale du championnat de France de Fédérale 3 entre Courbevoie et Auch, à Saint-Junien (Haute-Vienne)/Christophe Lacaze-Eslous  

Une ambiance qui aurait pu être refroidie après le 1er essai d’Auch au bout de 2 minutes seulement. « Des Cailloux et des arbres, ça fait des allées… allez Courbevoie ! » réagit la tribune jaune-et-bleu, qui a le soleil en pleine face et se désaltère à coups de chopines. Alors les joueurs s’accrochent au point de ne jamais être distancés. Djeffrey garde le moral : « On est la Greyhound Army, un lévrier (traduction) ça cavale. Ca devient compliqué mais on va trouver les ressources. Auch ne produit rien. » Suffisamment pourtant pour l’emporter et ainsi priver Courbevoie de son premier titre de champion.

« C’est dommage, on aurait aimé partager la victoire avec eux », confient les joueurs de Courbevoie

La défaite consommée, les supporteurs, comme ceux d’en face, vont réconforter leurs favoris en larmes. « C’est dommage, on aurait aimé partager la victoire avec eux », lâchent plusieurs joueurs à l’unisson. Les sourires reviennent, c’est déjà la fameuse 3e mi-temps, alors on trinque avant de remonter dans le car : « Les deux équipes ont été au taquet malgré la chaleur, conclut Djeffrey. On s’est levés aux aurores et on va rentrer très tard avant d’aller bosser. C’est ça, l’esprit supporteur. »